GRANDE HISTOIRE DE CLARITY
Extrait - Par neb
neb se réveilla encore tout endolori par ses innombrables blessures. Sa vue était encore trouble mais il sentait, sur son front, le passage d'un linge humide. Quand ses yeux lui permirent de voir à nouveau distinctement, il vit, penché au dessus de lui, le visage d'une belle jeune femme. Celle-ci lui souriait tendrement et le regardait avec une grande bienveillance. Elle tourna alors la tête pour s'affairer ailleurs et neb remarqua que son ange gardien avait les oreilles pointues. C'est alors qu'il reconnu l'elfe qu'il avait sauvée dans le château et eut un sursaut d'inquiétude :
-Où suis-je ? Qui es-tu ?
-Je m'appelle Célébrinel et je suis une elfe, comme tu peux t'en douter... et tu es chez moi.
-Tu m'as fait prisonnier ?
-Non. Personne ne sait que tu es ici.
-Alors ? Pourquoi me soigner ?
-Tu n'es pas un homme comme les autres. Tu l'as prouvé en ne me dénonçant pas lorsque je m'étais introduite au château.
C'est alors que neb remarqua qu'il était nu sous les couvertures. Il demanda alors :
-C'est donc toi qui m'a soigné ?
-Pendant huit jours exactement.
-Et ...
-Je vois ce que tu veux dire. Ne t'inquiète pas. Chez nous, les elfes, la nudité n'est pas quelque chose de honteux à cacher à tout prix. Certes nous nous habillons mais la pudeur ne fait pas partie intégrante de nos moeurs.
-Et mon épée ?
-Ne t'en fais pas. Elle est à l'abri, sous le lit. Quant à tes vêtements, ils sont propres.
-Il n'y a qu'un seul lit, ici. Où as tu dormi ?
-Nulle part.
-Tu m'as veillé jours et nuits sans dormir ?
-Oui.
neb se demandait comment elle avait pu faire et surtout, pourquoi elle cherchait à le sauver. En tout cas, il restait admiratif devant le courage de cette elfe qui osait défier les lois de son peuple pour s'acquitter d'un sentiment de dette qu'elle avait à son égard. Deux jours passèrent encore où elle veilla sur lui sans prendre un instant de repos. Le soir de ce dixième jour sans se reposer, neb lui dit :
-Tu devrais dormir un peu.
-Tu es fou ! Tu n'es pas encore en état de quitter le lit.
-Et toi, tu n'es plus en état de veiller une nuit de plus.
-Cela dit, tu n'es peut-être pas en état de te lever mais mais tu l'es suffisament pour te serrer un peu.
-Tu voudrais dire que ...
-Tu vois une autre solution ?
neb se serra alros contre le mur que jouxtait le lit. Célébrinel, quant à elle, se dévêtit entièrement avec une grâce inouïe. Une fois nue, elle fit quelques pas vers le petit courrant de rivière qui passait dans la maison et se passa un peu d'eau sur le visage ainsi que sur sa nuque. Ensuite, elle revint vers le lit et s'y glissa en prenant bien soin de ne pas mettre à jour la nudité du prince. Celui-ci, comme par pudeur, se retourna et fit face au mur. Célébrinel, pour ne pas tomber hors du lit, passa un bras autour de la taille de neb et se serra contre lui. Cela le mettait mal à l'aise. Il fermait les yeux pour faire abstraction de ce qui se passait mais il n'y parvenait pas. Il sentait dans son dos le souffle tiède et régulier de la respiration de l'elfe. Il était envahi par la douceur de sa peau, en contact avec la sienne, et par la douce chaleur qui émanait de son corps. Son esprit était encore sous le coup de l'éblouissement qu'avait provoqué la vue de la paleur et de la beauté du corps de l'elfe qui s'était mise à nu devant lui. Son instinct mâle tentait de s'imposer dans son esprit mais il pensa à Tampopo qui l'attendait, qui l'attendrait encore et encore. De plus, il lui aurait été impossible d'abuser d'un être au coeur et au corps si purs. Elle lui avait paru étrange lorsqu'elle s'était retrouvée nue devant lui. Elle lui avait semblé si forte et si vulnérable à la fois... Il ne comprenait pas et pourtant il se trouvait presque heureux d'être là. Ses blessures ne le faisaient plus souffrir. La douceur de la peau de Célébrinel lui lui faisait oublier. Etait-ce pour cela qu'elle se serrait autant contre lui ? Etait-ce une manière pour elle de le soigner, de le soulager ? Ce qu'il n'avait pas remarqué, c'est que le sable du grand sablier s'était stoppé net. L'eau ne coulait plus, était figée. Le temps s'était arrêté. Le bien être s'empara petit à petit de neb. Il finit par se retourner pour faire face à Célébrinel tout en prenant soin que le bras de sa compagne reste autour de sa taille. Celle-ci, en dormant, comme si elle eut été consciente de la situation, se rapprocha de lui et sa plaqua contre son torse. Lui, comme pour parachever la situation, la prit dans ses bras. Le temps ne s'était toujours pas remis en marche. Les anges seuls connaissaient l'équivalence de la durée de cet arrêt du temps. Mais pourquoi avaient-ils causé cela ? Pour permettre l'union des hommes et des elfes au travers de ces deux être ?
Dans la petite maison forestière, le feu de cheminée s'éteignait petit à petit, laissant les deux dormeur dans une relative obscurité. Ils étaient toujours serrés l'un contre l'autre. Mais, durant cette nuit là, ont-ils parlé ? Se sont-ils aimé ? Ont-ils tout simplement dormi ? Nul ne l'a su et nul ne le saura jamais. L'ont-ils su eux-même ? La seule chose qui était certaine, c'est que ce moment pouvait changer à tout jamais la destinée de Clarity.
Au petit matin, neb s'éveilla et vit Célébrinel, qui visiblement venait de se lever, se baigner dans le petit courant d'eau. Elle se retourna pour prendre une serviette et remarqua qu'il s'était réveillé. Elle lui adressa un sourir et commença à s'essuyer. Il l'observait, admirait chacun des ses gestes. Il était subjugué par sa beauté envoûtante. Si elle n'eut pas été nue déjà, il l'aurait certainement déshabillée du regard. Célébrinel, ayant remarqué qu'il la fixait de yeux, lui adressa un sourir soupçonneux et lui, un peu honteux, fit mine de s'excuser. Son expression fit rire Célébrinel qui commença à s'habiller. neb réclama ses vêtements mais l'elfe savait que si elle les lui donnait, il chercherait à quietter le lit et elle n'y tenait pas, étant donné qu'il n'était pas encore rétabli. Nu, il resterait alité. Elle lui apporta cependant une petite bassine d'eau pour qu'il puisse se laver. Ensuite, elle lui apporta de quoi manger. Cela faisait plusieurs jours qu'il ne s'était pas sustenté. Et la journée passa imperceptiblement. Ils n'avaient plus besoin de parler, ils se comprenaient sans le faire, juste par jeux de regards. Quand ceux-ci se croisaient, ils s'adressaient mutuellement un tendre sourire.
Le soir était déjà tombé sur la forêt. Comme la veille, Célébrinel se dévêtit, se passa un peu d'eau sur le corps et se mit au lit. Cependant, cette fois ci, neb se sentait plus à son aise, il ne redoutait plus ce qui pourrait se passer. La nuit précédente n'avait rien vu se produire, pourquoi en aurait-il été autrement ? L'elfe se glissa au fond du lit et posa sa tête sur l'épaule du prince. Tous deux s'endormirent alors paisiblement...
|